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L’Éducation Financière en Belgique

Le 31 janvier 2013, la FSMA a organisé une conférence sur l’éducation financière en guise de coup d’envoi à une série d’initiatives destinées à aider le citoyen à mieux gérer son argent.

La conférence s’est ouverte par un volet académique au cours duquel M. Jean-Paul Servais, président de la FSMA, a introduit les travaux de la journée, en laissant à MM. Johan Vande Lanotte, ministre des Consommateurs, et Steven Vanackere, ministre des Finances, l’honneur de dévoiler le logo du nouveau portail Wikifin.be.

Jean-Paul Servais, après avoir passé en revue les initiatives prévues par la FSMA dans le domaine de l’éducation financière (« Les lignes de force de la FSMA ») et indiqué comment celles-ci s’inscrivent dans ses nouvelles compétences à la suite de la réforme Twin Peaks, a donné la parole à la princesse Mathilde. La princesse a insisté sur l’importance d’une formation des enfants à l’argent : les enfants ne sont-ils pas notre avenir ?

Steven Vanackere, ministre des Finances, s’est focalisé sur le caractère durable de l’éducation financière, renvoyant à « l’impénétrable technicité » du monde financier mais aussi au fait que des conférences comme celles-ci sont en mesure d’aider le citoyen à s’y retrouver. À ses yeux, une connaissance insuffisante des questions d’argent constitue le terreau par excellence où croissent les expériences malheureuses qui, à leur tour, suscitent une aversion au risque et peuvent, au final, saper l’activité économique d’un pays.

Johan Vande Lanotte, vice-premier ministre et ministre des Consommateurs, a quant à lui présenté le simulateur de comptes d’épargne de Wikifin. Il a également rappelé à l’attention du public présent le moratoire sur les « produits de placement structurés particulièrement complexes » introduit par la FSMA en 2011 (cf. Assurinfo n° 23 de 2011). Selon le vice-premier ministre, ce moratoire volontaire -auquel tous les assureurs ont d’ailleurs adhéré - a d’ores et déjà un effet positif sur le marché financier. « C’est un premier pas », a indiqué M. Vande Lanotte, qui a souligné également que l’attitude du consommateur doit évoluer pour passer de la méfiance à une confiance critique dans les institutions financières. « C’est là la tâche de l’éducation financière », a-t-il conclu.

Après ces deux interventions du monde politique, les pièges potentiels de l’éducation financière ont été mis en lumière par Wim Coumans, vice-président de la FSMA. En effet, quels que soient les efforts des autorités publiques ou du secteur, les citoyens prennent leurs décisions non pas sur la seule base de leurs connaissances ou compétences, mais aussi en fonction de leur attitude psychologique. « De plus, nous devons veiller à ce que notre travail ne bénéficie pas seulement à ceux qui en ont le moins besoin », a ajouté M. Coumans.

Enfin, nous avons pu entendre un exposé passionnant d’Yves Leterme, présent à la conférence en tant que représentant de l’OCDE. En effet, c’est l’OCDE qui a incité ses membres à mener une politique active en matière d’éducation financière. M. Leterme, qui a joué un rôle important en tant que chef du gouvernement lors de la crise bancaire, a pris appui sur cette expérience pour marquer l’importance de l’éducation financière, dont l’organisation, à son avis, ne peut émaner que d’une autorité publique. M. Leterme a répété que les études montrent que le citoyen - en Belgique mais ailleurs aussi - dispose de peu de connaissances et de compétences en matière financière. Il a également insisté sur le rôle de l’OCDE, et plus particulièrement sur les objectifs PISA indiqués par l’OCDE lorsqu’il s’agit de définir les savoirs et savoir-faire que devrait posséder un jeune de 15 ans. Alors que par le passé, les tests PISA ne prenaient en considération que les mathématiques, les langues et les sciences, on y ajoutera dorénavant un volet de compétences financières. « Il serait absurde que l’on fasse étudier les jeunes pendant plus de 20 ans pour qu’ils puissent exercer un métier, sans leur expliquer comment gérer judicieusement l’argent qu’ils gagneront en l’exerçant ». C’est pourquoi M. Leterme a adressé un appel sans arrière-pensées aux réseaux d’enseignement pour mettre en œuvre une telle éducation, la participation au programme PISA n’étant pas obligatoire.

Les lignes de force de la FSMA

Pour l’éducation financière, la FSMA a fixé trois grands volets : tout d’abord, un site portail qu’elle a créé et qui est appelé à s’étoffer chemin faisant ; ensuite, des efforts complémentaires en direction de l’enseignement ; enfin, des initiatives de coopération.

Le portail Wikifin

Par le biais du site web www.wikifin.be, la FSMA entend proposer une plate-forme sur laquelle le citoyen peut retrouver des informations de base, clairement expliquées, sur la manière de gérer son argent, effectuer des placements et souscrire des assurances. L’outil le plus en vue du site est sans conteste le simulateur de comptes d’épargne. Dans la foulée du « V-test » du VREG, le régulateur flamand de l’énergie, ce simulateur est destiné à donner aux épargnants un tableau comparatif des comptes d’épargne disponibles et de leur rendement. Le jour du lancement et les quelques jours suivants, le simulateur, et du coup le site entier, a connu quelques hoquets dus à un succès allant au-delà des attentes.

Mais le site web Wikifin.be propose bien plus que cet outil de simulation. La FSMA a manifestement eu à cœur de choisir des formulations aussi simples que possible pour expliquer les risques auxquels on peut se voir confronté en matière d’argent, et comment les traiter. Des sujets comme comprendre ce qu’implique l’inflation, quelles sont les conséquences d’un emprunt et les différentes formules pour le faire, savoir contre quoi il faut / il peut être utile de s’assurer - ce ne sont là que quelques exemples de ce que Wikifin.be veut apprendre au citoyen. Pour la plupart des lecteurs d’Assurinfo, ces petites leçons seront assez évidentes. C’est logique, car ils sont en contact étroit avec le monde financier et manient tous les jours des termes qui font perdre leur latin au commun des mortels.

L’internaute peut tester ses connaissances en répondant à un petit quiz qui comporte dix questions relativement simples. En outre, le site web comporte des outils de calcul, par exemple pour déterminer l’épargne de précaution dont il convient de disposer en tant que famille ou isolé, ou encore le montant qui peut être épargné en mettant de côté une certaine somme tous les mois.

En d’autres termes, la FSMA a tenu à ce que son nouveau portail propose une bonne dose d’interactivité. Il est à espérer que cela incitera le public à y faire un tour et à s’arrêter sur tel ou tel sujet pour quelques informations utiles.

Pour l’aspect multimédia, la FSMA pourrait aller plus loin. Actuellement, le site web se présente sous un habillage minimaliste, ce qui contribue sans doute à une bonne structuration du contenu mais exclut par exemple les flux Twitter ou les images, fixes ou vidéo. Mais l’ouverture aux médias sociaux et les campagnes de promotion - à l’instar de Bob sont dans les cartons.

Lors de la conférence, la FSMA a indiqué que le contenu du site web allait s’amplifier avec le temps mais que d’ores et déjà, l’offre d’information de base était assez large, y compris pour ce qui concerne les assurances. Notons toutefois que cette information reste un peu théorique sur certains points. C’est ainsi que la couverture de l’assurance incendie, telle qu’elle est décrite, se limite au strict prescrit légal, comme l’incendie, les explosions ou les catastrophes naturelles ; le site conseille ensuite au visiteur de bien vérifier si des éléments comme la responsabilité sont inclus dans la garantie. S’il est bon d’y attirer l’attention du consommateur, il se pourrait cependant que l’on suscite ainsi une méfiance inutile, puisqu’on ne trouve en principe sur le marché belge que des assurances incendie qui comprennent d’office cette garantie. En outre, le site met peu l’accent sur une bonne communication et un bon contact entre le client et son assureur ou son intermédiaire.

Enseignement

À côté de la mise à disposition d’un site portail utile et clair, la FSMA souhaite sensibiliser les réseaux d’enseignement à l’intégration de l’éducation financière aux matières abordées à l’école. Car si l’éducation financière s’adresse à tous les citoyens pour qu’ils acquièrent de meilleures compétences dans ce domaine important, les jeunes n’en constituent pas moins un groupe cible prioritaire. À cette fin, le régulateur compte élaborer du matériel pédagogique adéquat en étroite collaboration avec les réseaux d’enseignement.

Pendant la pause de midi, la FSMA a dès lors organisé des workshops avec les principaux acteurs de l’enseignement. Du côté flamand, l’atelier de réflexion, en présence de Pascal Smet, ministre flamand de l’Enseignement, s’est tenu devant une assistance restreinte. Côté francophone, les discussions étaient ouvertes au public : la table ronde a été l’occasion pour divers acteurs de l’enseignement francophone de faire part de leurs réactions à une note rédigée par la FSMA à l’attention de Marie-Dominique Simonet, ministre de l’Enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette note incluait une série de socles de compétences que la FSMA aimerait voir intégrer aux acquis de l’enseignement francophone. Les commentaires ont cependant fait apparaître des oppositions non négligeables, tant de la part des réseaux d’enseignement que de celle des syndicats et même des associations de parents. Par exemple, peu de participants se disaient favorables à ce que l’enseignement «impose» un comportement de consommateur idéal et beaucoup soulignaient l’importance de ne pas fermer la porte à d’autres conduites. Comme le disait une dame, représentante d’un réseau d’enseignement, dans une intervention enflammée : «Pourquoi prétendre qu’un tel ou une telle ne peut pas acheter ce GSM si il ou elle le veut vraiment ?»

Les syndicats d’enseignants se focalisaient principalement sur les programmes déjà très chargés, auxquels s’ajoutent les tâches éducatives revenant de fait à l’enseignant plutôt que d’être assumées à la maison et en famille. Une remarque intéressante était qu’un professeur pourrait ouvrir son cours à la gestion de l’argent en intégrant ce thème dans les activités existantes. Par exemple, lorsqu’un enseignant organise une excursion scolaire et demande aux élèves de remettre une participation financière à cet effet, une attention pour la manière dont elle est dépensée pourrait les rendre plus sensibles à ce qu’est l’argent et à ce que le dépenser signifie. De même, la mise en place d’une sorte de « budget de la classe » pour des projets de petite taille pourrait s’intégrer dans cette démarche.

Quoi qu’il en soit, il est apparu rapidement que la FSMA, qui veut faire bouger les choses dans l’enseignement, aura beaucoup à faire en ce sens au cours des années à venir.

Coopérations

Dans la presse déjà, mais aussi lors de la conférence, la FSMA a indiqué et répété qu’elle entend faire de l’éducation financière un objectif sérieux, en collaboration avec les acteurs concernés. Parmi ceux-ci, Assuralia espère pouvoir apporter sa contribution ; notre association prépare actuellement une série de projets destinés, au cours des prochains mois et années, à relever le niveau des compétences financières des citoyens pour ce qui concerne les assurances.

Quant à l’aspect que devraient prendre ces collaborations et les modalités de coopération, il reste à la FSMA à les préciser - au-delà de sa volonté d’organiser, à l’instar des Pays-Bas, une campagne du type « les trois jours des pensions » et les références à un centre permanent de l’éducation financière. Mais la première priorité de la FSMA a été de lancer le portail Wikifin et de préparer les premiers efforts en éducation financière dans l’enseignement.

(Source : http://www.assuralia.be/index.php?id=136&L=1&tx_ttnews[tt_news]=2321&cHash=151fa7b3ceee99b9348f4eddda2fa9f4)

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